Le soutien aux parents âgés reste-t-il l’affaire des femmes?

Charles Fleury, Nathalie Lorentz

Au cours des prochaines décennies, le vieillissement démographique pourrait accroître la pression sur les familles dans la prise en charge et le soutien aux personnes âgées en perte d’autonomie. Cette pression est susceptible de peser plus spécifiquement sur les personnes âgées de 45 à 64 ans du fait de leur position centrale dans le jeu des solidarités intergénérationnelles. En tant que génération pivot, celles-ci sont en effet fortement sollicitées tant par leurs enfants en voie d’autonomisation (voire de leurs petits-enfants) que par leurs parents âgés en perte d’autonomie. Cette pression sera-t-elle vécue différemment selon le genre ? À l’heure actuelle, plusieurs études montrent que l’exercice de la solidarité intergénérationnelle, sans être l’affaire exclusive des femmes, repose largement sur leurs épaules. C’est notamment ce qui ressortait des travaux menés au Luxembourg au début des années 2000. Ces travaux montraient clairement que l’aide régulière aux parents âgés était surtout apportée par les femmes ? que le parent âgé soit le père ou la mère. Depuis ces travaux, plusieurs changements susceptibles d’avoir modifié la distribution des rôles selon le genre sont intervenus au sein de la société luxembourgeoise. Le plus important est sans conteste l’augmentation du taux d’emploi des femmes, lequel est passé de 36% à 50% chez les femmes âgées de 45 à 64 ans entre 1999 et 2009. Quelles conséquences cette plus grande participation des femmes au marché du travail a-t-elle eu sur la propension des hommes et des femmes à venir en aide à leurs parents âgés ? Observe-t-on un certain rééquilibrage dans la distribution des rôles selon le genre ? Le présent article aborde ces questions à partir des données du PSELL recueillies en 2009 auprès de la population résidante du Luxembourg. Il examine de manière plus spécifique la probabilité et l’intensité de l’aide fournie aux parents âgés par les hommes et les femmes de la génération pivot ayant au moins un parent vivant au Luxembourg. Il accorde également une attention particulière aux différences selon le statut d’activité (personnes en emploi vs personnes sans emploi). La période considérée est l’année qui précède l’interview, c’est-à-dire la période s’étalant du 1er janvier 2008 au 31 décembre 2008.

Zitiervorschlag

Fleury, C. & Lorentz, N. (2011). Le soutien aux parents âgés reste-t-il l’affaire des femmes? (Vivre au Luxembourg. Chroniques de l’enquête PSELL-3/2008 Nr. 75). Differdange. Centre d’études de populations, de pauvreté et de politiques socio-économiques (CEPS/INSTEAD).

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